Les 12 épreuves initiatiques d’Héraklès-Hercule 1 

Héraklès et la mythologie grecque

Héraklès (version originale grecque) et sa copie Hercule (version romaine) est connu pour avoir été vainqueur des 12 travaux qui lui furent imposés par son cousin Eurysthée sous la férule d’Héra, l’épouse de Zeus, le roi des dieux de l’Olympe, lui-même père d’Héraklès.

Héraklès et Hercule, auteurs des 12 épreuves sont un même personnage, dont le second nommé constitue un fac-similé, postérieur et romain, beaucoup moins intéressant par le fait que la mythologie romaine est beaucoup moins riche tant en contenu et qu’en symbolisme.

La cosmogonie grecque (la généalogie et l’histoire des dieux, ainsi que leurs avatars) est précise. C’est à elle que nous nous référons pour connaître et comprendre l’histoire des dieux et de l’humanité dans les temps connus les plus archaïques, et référencer les principaux traits de personnalité des individus.

La psychologie -l’étude de la psyché, de l’âme ; c’est le même mot en grec- est basée sur l’observation des caractères des personnages présents dans ces récits universels. Psyché « âme », signifie également « miroir » et « papillon », symbolise les dimensions de l’éphémère associé à la transformation par la chrysalide.  Ainsi, le personnage d’Héraklès, avec ses épreuves dans son histoire, est un reflet, un miroir dans lequel, nous pouvons projeter nos fantasmes, nos limites, nos potentialités… Tout ce qui compose la Force, notre Force… Nos faiblesses du point de vue de l’âme et son expression.

Qui est Héraklès ?

L’étymologie nous donne une précieuse indication sur son identité. Héraklès signifie : « Gloire d’Héra ». D’où l’ambigüité et la richesse de ses aventures qui lui sont imposées par la déesse Héra, par jalousie envers son divin époux, et père du Héros.

Le personnage d’Héraklès remonte à la nuit des temps par le fait que, dans les histoires où il est présent et déterminant, il y a des créatures très archaïques. Héraklès est l’un des Argonautes aidant Jason à conquérir la Toison d’Or. c’est lui également qui délivre Prométhée le Titan après sa défaite face aux Olympiens commandés par Zeus lors d’une guerre entre des races de dieux. 

Lors de ses 12 épreuves, Héraklès doit affronter certaines créatures archaïques qui n’ont rien d’humain. Nous reviendrons sur ses personnages surréalistes (Hydres, Centaures, Amazones, Monstres et Dragons…) qui valident la nature de ses exploits, et affirment leurs puissantes significations symboliques.    

C’est ce troisième mythe majeur, le plus connu et emblématique, qui nous intéresse dans lequel Héraklès doit réaliser ses 12 épreuves face à des créatures extraordinaires. Devoirs qu’aucun mortel au péril de sa vie, n’est capable de mener à leurs termes.

Les origines d’Héraklès

D’où vient Héraklès ?

Comme pour tout individu, la conception, la naissance et l’enfance inscrivent tous les enjeux à venir de son existence. Ce sont des marqueurs essentiels, archétypaux. Héraklès n’échappe pas à cette loi universelle. Son personnage est tellement emblématique qu’il grossit le trait des événements pour marquer nos esprits, à condition d’y être sensible et d’y voir les analogies, évidentes et logiques.

Héraklès est l’enfant de Zeus (roi des dieux de l’Olympe) et d’Alcmène, (mortelle, épouse du roi Amphitryon). Ce dernier étant parti guerroyer délaisse son épouse sur qui Zeus jette son dévolu. Profitant de l’inopinée absence du souverain, Zeus ordonne à Sosie de lui donner l’apparence d’Amphitryon pour honorer la reine. L’acte consommé, Zeus s’en va juste avant le retour du légitime époux qui, lui aussi est saisi par les appétits du retour du guerrier. De cette double union, vont naître deux enfants : Héraklès –fils de Zeus- et Iphiklès –fils d’Amphitryon-. Ils sont frères et jumeaux à la fois. Le premier est en partie de nature divine, le second entièrement humain. La mythologie grecque pullule de jumeaux divins, mettant ainsi en évidence la loi universelle de la polarité.

Sa naissance et son enfance

Le premier épisode de son existence, la marqueur de sa vie à venir, se déroule dans le berceau où dorment les deux bébés. Par l’entremise d’une complice, pour se venger de l’infidélité légendaire de son divin mari, Héra y fait glisser deux serpents venimeux dans le but de tuer Héraklès, son demi-frère pouvant être considéré comme un « dommage collatéral ».

Personne n’imaginait la précocité des capacités d’Héraklès. Celui-ci incarne parfaitement les dispositions divines, astrales des nouveau-nés. Héraklès nous montre, par l’exemple, qu’il est possible d’écarter les forces lourdes de l’incarnation, notamment  les miasmes émotionnels, celles pouvant précocement et durablement signer le caractère de l’âme au fer rouge.

Héraklès tue les deux reptiles avec une facilité déconcertante, sauvant ainsi sa vie, et à l’occasion, celle de son demi-frère. Il est donc définitivement caractérisé  comme étant hors norme.  

 

L’apprentissage du Héros

Suite à ses exploits prématurés, le jeune Héraklès va suivre les enseignements initiatiques pour le préparer aux futures épreuves. Le tempérament de guerrier se révèle très tôt, car il va être sous la férule de deux personnages atypiques et antinomiques. Ainsi, la loi universelle de polarité encore peut se vérifier.

Le premier enseignant se nomme Linos, il doit enseigner au novice le rapport aux arts, principalement la musique. Cette discipline contient de façon sous-jacente les lois cosmiques, arithmétiques et harmoniques. Peu sensible à cette approche, le jeune apprenti va occire son professeur. 

Le second mentor est le Centaure Chiron. L’ancestrale créature présente dès les premières  périodes de l’Antiquité instruit son élève aux arts conjugués des armes, de la guerre, de l’action et la réaction, de l’intelligence des éléments de la nature, associés à la connaissance des principales lois universelles.

L’objectif de ces deux types d’apprentissage accordés à des méthodes pédagogiques spécifiques, est de préparer l’adepte face aux épreuves à venir. Tout Héros doit se préparer à l’imprévisible, anticiper action et réaction, conjuguer action et sentiment.

Qu’est-ce qu’un Héros ?

Dans la perspective mythologique, Héraklès est un Héros. Non pas un héros (sans majuscule) qui ne concerne qu’un humain ordinaire.

Il est Héros parce qu’il est fils d’un dieu et d’une mortelle. C’est la part divine de l’être qui vit, s’exprime et expérimente.

S’il était fils d’un dieu et d’une déesse, il serait un dieu. Il existe d’autres Héros dans la mythologie grecque : Thésée, fils de Poséidon et d’Aéthra (Héros aux prises avec le Minotaure dans le labyrinthe), Minotaure lui-même fils de Poséidon et de Pasiphaé. Ceci implique que ces deux Héros s’affrontent à mort dans le labyrinthe alors qu’ils sont demi-frères divins… Dionysos, fils de Zeus et de Sémélé, qui suite au décès de sa mère, sera ressuscité par son divin père en le protégeant dans sa cuisse (dans la cuisse de Jupiter dans la version romaine. Achille a la particularité unique d’être le fils d’un mortel, le roi Pélée et de la déesse Thétys.

Comme tout Héros, mi dieu et mi humain, Héraklès, comme ses congénères, doit réaliser des exploits éprouvant ses qualités pour répondre aux vœux des dieux, afin d’être reconnu par les entités spirituelles, également montrer aux humains mortels leurs potentialités divines dignes de la destinée, ainsi que les limites à leurs conditions. Il nous raconte comment activer notre dimension divine.

Quelles sont les 12 épreuves ?

Une fois l’adepte disposé, le Héros prêt à se confronter aux épreuves, comme l’humain devenu adulte, le destin peut enfin s’accomplir. Notez que j’évoque les épreuves –étymologiquement : –tenter et éprouver-, non pas travaux –étymologiquement : torture associée à la souffrance

Pour traduire ces deux approches de la vie, révélatrices de la loi universelle de la polarité (tout sujet a toujours en son sein, une double force opposée et complémentaire), ceci signifie que la première démarche est révélatrice d’une mise en action volontaire, tandis que la seconde traduit une soumission, une fatalité.

Les 12 épreuves initiatiques

1. Le lion de Némée

2. L’hydre de Lerne

3. La  biche de Cérignye

4. Le sanglier d’Erymanthe

5. Les oiseaux du lac de Stymphale

6. Les étables d’Augias

7. Le taureau de Crète

8. Les cavales de Diomède

9. La ceinture d’Hippolyte

10. Les bœufs de Géryon

11. La descente aux enfers

12. Les pommes d’or du jardin des Hespérides

Les 12 épreuves initiatique parce qu’il y a un ordre

Pour être considérées comme initiatiques, les épreuves doivent répondre à deux critères essentiels : être inscrites dans un cadre évolutif, homogène et progressif ; également suivre une succession, un engrenage des étapes, tout en respectant un certain ordre.

Pour le premier critère, le nombre 12 correspond à cet ordonnancement cosmique –l’étymologie de cosmos étant « ordre »- qui se différencie de sa polarité opposée, le désordre « chaos ». Le nombre 12 représente un Tout global et cohérent. Aux 12 épreuves sont associés les 12 mois de l’année et les 12 signes du zodiaque présents dans le ciel. Cette structure temporelle se vérifie également au niveau d’une journée complète qui réunit, malgré les fluctuations saisonnières, les 12 heures du jour et les 12 heures de la nuit lors des deux équinoxes annuelles.

Pour  le second critère, relatif à la progression, nous fait apparaitre une distinction significative qui met en exergue –ou non- la vision initiatique des 12 épreuves. Bien souvent, et conformément aux repères culturels judéo-chrétiens, toute histoire doit se terminer par la mort. Cet aspect est cohérent dans une présentation profane du mythe, celui qui nous concerne comme tout autre… Dans la perspective initiatique, le récit fondamental se termine par une forme de résurrection qui est précédée par une mort lors de l’avant dernière épreuve ou séquence. C’est la traduction de la formule mort-renaissance, dans le sens de finir une séquence afin de se transformer à soi-même ou en soi-même. Ainsi, le mythe, à travers son Héros et les contextes dans lesquels il évolue, est un vecteur iconique qui est en résonance avec le cheminement de l’âme, ou l’être intérieur, dans son parcours de vie.

Comme dans des rêves archétypiques, dans lesquels il est indispensable de considérer autant les rôles, celui du personnage principal –écho du Moi conscient-, ceux des autres êtres vivants et des environnements –échos du Soi inconscient-. Le récit du mythe nous montre des modèles de situations possibles, la variété des interprétations de la même histoire sont infinies par le fait qu’elles reposent sur le phénomène de synchronicité. La synchronicité sera développée dans un futur article relatif à ce sujet.   

Conclusion

Ce premier article de présentation sur les 12 épreuves d’Héraklès-Hercule  permet de situer les enjeux de ce mythe, bien que le personnage soit connu, son histoire l’est beaucoup moins. Si ce mythe n’avait aucune signification profonde avec l’âme humaine, il serait tombé dans les oubliettes de l’histoire. Prenons conscience qu’il n’y a rien d’anodin dans ce récit qui a traversé plusieurs millénaires. Ce Héros emblématique de l’Antiquité grecque est un prototype d’autres personnages contemporains, fictifs ou réels.

Je vous proposerai lors de la suite sur ce sujet, un développement pour ouvrir des champs de compréhension et en déceler des aspects visionnaires, c’est-à-dire, voir plus loin que l’image…   

Le lien direct avec le livre, exclusivement disponible sur ce site.                        Relation directe avec l’auteur : https://www.hesperides-editions.fr/produit/herakles/

A suivre lors de prochains articles :

Les 12 épreuves d’Héraklès-Hercule, leurs histoires complètes (2)

Les 12 épreuves d’Héraklès-Hercule, les 12 signes du zodiaque… (3)